L’atelier de mécanique des vélos de l’établissement pénitentiaire pour mineurs.
Un objectif (vague, peut-être) :
Nous devons reconstruire de vieilles bicyclettes – certaines rouillées – les transformer, les personnaliser, les faire fonctionner.
La manière :
En fait, la mécanique est logique,
la
mécanique
est
logique.
Il est nécessaire,
de suivre
l’ordre
des pièces,
pour pouvoir démonter ou remonter une machine, et comprendre son fonctionnement.
Il est nécessaire d’y penser avant de réparer tout dommage.
En effet, la mécanique passe d’abord par une analyse. Elle nécessite compréhension, observation, et un peu d’intuition.
Ce dernier point est particulier, car chaque mécanicien, ou mécanicienne, arrive presque au même résultat, en ajoutant quelques tours d’écrou en plus, quelques tours en moins, une certaine logique personnelle, et peut-être un peu de magie, d’imagination et de chance ou une certaine part de sensibilité.
Cette “façon” de faire les choses, semble remarquable, car cela concerne la personnalité. Oui, la mécanique est personnelle, et reflète souvent la façon dont nous nous comportons avec les autres. De la même manière qu’une vingtaine de pièces sont liées les unes aux autres à l’intérieur d’un pédalier, d’une colonne de direction ou de la tension des rayons d’une roue.
Et chaque personne ajustera plus ou moins la tension des rayons, selon la meilleure façon selon elle d’absorber les vibrations, ou d’atteindre la tension maximale tolérable pour les pièces.
Nous, mécaniciens, cyclistes ou autres, ne serons jamais d’accord. Tout le monde a une vision différente de la façon dont les choses devraient être. Cette différence est la distance qui nous sépare les uns des autres, ou qui nous unit peut-être … Au moins pour discuter, au moins pour rigoler, au moins pour s’amuser. Au moins pour construire l’empathie, même en prison, même à l’extérieur avec l’intérieur, même à l’extérieur avec l’extérieur.
